Ce programme de recherche a pour objectif de développer une réflexion interdisciplinaire sur les enjeux esthétiques, épistémologiques et culturels de la sensorialité dans les pratiques artistiques contemporaines (danse, théâtre, arts plastiques). Le projet se décline en deux volets qui portent des regards analytiques distincts mais complémentaires sur les problématiques qu’ouvre la notion de sensorialité. Il débute avec trois résidences de septembre 2022 à février 2023 avec des invités : Céline Nogueira (théâtre), Victoria Soubielle (danse, pratiques somatiques) et Gauthier Leroy ‘arts visuels et sonores) à l’espace d’art contemporain le Bel ordinaire, Billère.

résidence du 30 janv au 5 février 2023 avec Gauthier Leroy (arts visuels, sonores)

L’objectif a été d’expérimenter des possibilités de mises en forme spatiales et sonores afin d’éprouver divers états de corps et de déplacements. Des sculptures sonores ont été produites avec des matériaux récupérés sur place tels que bois, câbles de vélo, guidons, bambous, polystyrène, métal. Leurs assemblages au sol variaient en fonction des expérimentations corporelles et sonores. D’abord menées à l’aveugle, elles s’affinèrent au fur et à mesure des manipulations : des gestes, des sons, des déplacements transparaissaient clairement. Chaque sculpture était reliée à un ampli via un micro et piezo augmentant les possibilités et les variations physiques dans l’espace ou la boite (sans fenêtres) qu’est l’atelier. Il en est sorti un vocabulaire composé à la fois de mots métaphores (extensions, tensions, micro geste, portage, roulade entre autres) et de séries de mouvements contraints par la sculpture sonore, démontable et praticable. Les expériences ont conduit également vers le désir de tracer/dessiner les figures produites, vers la production de collages d’images mentales, de références artistiques (sorte de road movie), vers l’installation proche d’un espace scénique.

Résidence 2/ du 7 au 11 novembre 2022 avec Céline Nogueira (théâtre) et Victoria Debarbieux (danse, pratiques somatiques)

Cette résidence a été l’occasion de développer une recherche collective sur la manière dont nos pratiques artistiques respectives permettent de mettre en place des outils d’expérimentation et de verbalisation de l’expérience sensorielle. En effet, la parole a pris une part belle dans l’atelier esquissant désirs et intentions individuelles et collectives ainsi que les niveaux d’attention que chacune porte à soi et aux autres. Les déplacements entre l’intérieur et l’extérieur du corps ont été mis en pratique soit par la voix servant de guide (Victoria, Céline) à l’exploration sensible soit par la main transcrivant dans un tracé (dessin) la vivacité des états de corps traversés par le mouvement et les images véhiculées par les « voyages intérieurs ». Il a ainsi été exploré différents états de corps et de mouvements (dansés ou quotidiens) permettant de manifester des imaginaires singuliers et de générer différentes formes de sensibilité.