Je serai la modératrice de la journée d’étude (JE) ayant pour thème générique « From Solastalgia » du festival des arts numériques accès)s(, Pau le jeudi 5 octobre 2023 de 13 h 30 à 17 h 30. La JE se déroule à l’2cole Supérieure d’Art et de Design à Pau, rue Mathieu Lalanne.
Les invités sont Louise Boisclair (en direct de Montréal), Donatien Aubert et Élise Morin https://www.acces-s.org/agenda/festival-23/journee-d-etude.
PRÉSENTATION
Cette journée d’étude s’inscrit dans le cadre du festival acc)è(s 2023 ayant pour thème générique “From solastalgia”. C’est le philosophe australien Glenn Albrecht qui crée et théorise en 2003 le concept de “solastalgie”. Il le définit comme le résultat des “effets cumulatifs des changements climatiques et environnementaux sur la santé mentale, émotionnelle et spirituelle”. Ainsi, les invités questionneront ce concept à l’appui de leurs recherches artistiques, scientifiques et théoriques les plus récentes. Ils tenteront chacun à leur manière de proposer des issues possibles (fictions, scénarios, concepts) ainsi que des formes à la situation critique que nous traversons.

PROGRAMME
13 h 30 accueil du public
14 h Introduction par les organisateur.rice.s
14 h 30 Louise Boisclair, Sortir de la solastalgie mais comment ?
Lors du festival ACCÈS)s(23, cette conférence interrogera l’état inquiétant de la planète Terre, qui alimente une solastalgie (Glenn Albrecht) croissante, en raison de feux, canicules, inondations et catastrophes de plus en plus fréquentes et intenses. Après quelques brèves défini1ons, nous visiterons quelques œuvres anthropocéniques, écologiques ou écosphériques stricto sensu. En tant que chercheurEs et artistes, nous chercherons ensemble des pistes de réponse à la question principale : comment pouvons-nous contribuer à remplacer l’anthropocène par le symbiocène (G. A.) ? Pendant qu’il en est encore temps.
15 h 15 échange avec salle
15 h 30 pause
15 h 45 Donatien Aubert, Curiosité et eschatalogie : des mirabilia renaissants aux « hyperobjets » contemporains
À la Renaissance et à l’époque baroque, dans les cabinets de curiosités, ces musées prototypiques où étaient aussi bien encapsulés des œuvres humaines que des éléments naturels (animaux taxidermisés, plantes séchées ou fossilisées, minéraux…), les pièces de choix des collectionneurs étaient toujours les mirabilia (ou « merveilles »). Il s’agissait d’objets hybrides, qu’il était difficile de rattacher à une catégorie spécifique du cabinet : ainsi des « prodiges lapidaires », ces minéraux dans lesquels se dessinaient des scènes proprement humaines, des restes de nombreux êtres vivants, qu’il était difficile de lier à un règne spécifique, mais aussi des fausses taxidermies, fabriquées dans le but de malicieusement accréditer des mythes issus des traditions littéraires de l’Antiquité… Alors que depuis plusieurs décennies s’impose à nos schémas d’analyse le rôle déstabilisateur pour la biodiversité et le climat des activités humaines, notre curiosité se reporte vers de nouveaux objets pour rendre plus facilement appréhendables nos existences, hantées par la finitude de la vie sur Terre. Les chaînes de causalités complexes qu’implique le réchauffement climatique composent ce que Michel Serres, Bruno Latour et Timothy Morton appellent, sous différentes appellations, des « hyperobjets ». Sous quelles formes plastiques ceux-ci peuvent-ils se cristalliser ?
16 h 30 Elise Morin, recherches artistiques et scientifiques sur la vie terrestre et la survie spatiale
Depuis 2020, je conduis une recherche sous le titre “Spring Odyssey”. Le premier chapitre s’est articulé autour de la création et de la représentation d’une plante résistante à de hautes doses de radioactivité et d’un territoire : la forêt rouge de Tchernobyl, une des zones les plus irradiées de la planète et où l’humanité y sera bannie pour les prochains siècles. Cette plante s’appelle Malachite (M_Plante). Malachite est un “hopeful monster”, une plante compagne, mutante et mobile, sur terre et dans l’espace, les deux faces d’une même pièce. Déracinée du sol, les racines pourtant bien vivaces, elle cherche avec nous où et comment vivre en héliotropie paisiblement. Dans le prolongement de Spring Odyssey, j’ai conçu “horizons des particules”. Cette oeuvre a été créée dans le cadre de la résidence de recherche Villa Albertine au Texas et au Nouveau Mexique en avril-mai 2023. J’y ai mené des recherches sur l’histoire technico-scientifique de l’habitabilité afin d’ouvrir des questionnements à partir des expériences sensibles qui y sont associées entre vie terrestre et survie spatiale.
17 h 15 échange avec salle
17 h 30 fin
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BIOGRAPHIE
Donatien Aubert
Le travail théorique et plastique de Donatien Aubert problématise les mutations anthropologiques contemporaines. Il se déploie notamment autour de l’héritage de la cybernétique dont il montre la survivance des paradigmes dans la culture numérique. Donatien Aubert réalise des œuvres hybrides, au service d’une mise en perspective épistémologique et historique. Leurs formes doivent autant à la culture classique de la curiosité (scientifique et lettrée) qu’à celle des technosciences contemporaines. Il a participé à de nombreuses expositions à l’international (Taipei, Moscou, Esch-Belval, Bâle, Montréal, Goa…) ainsi qu’à plusieurs biennales (Némo, Chroniques, Elektra). Il est lauréat de la commande photographique du CNAP « Image 3.0 » en 2020. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles, dont la plus récente a été montrée au 3 bis f, à Aix-en-Provence, en 2022 et 2023.
Louise Boisclair
Chercheure, conférencière, critique d’art, essayiste, poète et artiste. Riche d’une pratique transdisciplinaire, Louise Boisclair, PhD en études sémiotiques et artistiques, UQAM, 2013, entrecroise recherche et critique
d’art (AICA-Canada), écriture (UNEQ) et création. Sa démarche transformationnelle théorise l’expérientiel en art immersif, interactif, traumatique et écosphérique. En sont issus quatre essais spécialisés
(PUQ, 2015 et L’Harmattan, 2019-20-21) et des cahiers de textimages autoédités. ‘Aventurière du sensible ‘, elle approfondit un langage pictural et scriptural, entretissé et libérateur, sous la signature L ou B. En outre elle s’est mérité plusieurs prix et bourses de recherche. En plus d’innombrables articles elle a livré plusieurs conférences internationales. Son dernier essai, Art écosphérique de l’anthrocène… au symbiocène, lance un cri du cœur et de la tête sur l’état inquiétant de la planète. À paraître, un recueil de poésie et un essai hybride sur le son. Vit et travaille à Montréal, Qc, Canada. Elle est chercheure associée chez VÆNTRAL – écosystème de création.
Elise Morin
Elise Morin développe une pratique interdisciplinaire ancrée dans la pensée écologique qui interroge notre relation au visible et aux modes de coexistence dans les espaces réels et virtuels. Les dispositifs de conception et de production génèrent des collaborations avec des scientifiques, des communautés locales, des ingénieurs, des musiciens, des philosophes. Le choix de lieux et de milieux spécifiques sont des composantes intrinsèques de son travail. Ils permettent d’engager une réflexion sur la relation qu’entretient la création au bien commun, sur le rôle de l’esthétique dans la compréhension d’autres perceptions d’un monde terrestre abîmé. Elise Morin a notamment exposé en France au Centquatre, au Jeu de Paume, au Grand Palais, au Musée d’art contemporain de la ville de Bucharest, de Moscou, Pékin et Tokyo.