Katinka Bock à l’institut d’art contemporain de Villeurbanne, Radio/Tomorrow’s Sculpture, vue le 7 octobre 2018
En parcourant l’exposition monographique de Katinka Bock à l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne, j’ai pensé à la sculpture minimaliste par l’attention accordée aux relations entre les œuvres et les caractéristiques propres au lieu. « La sculpture comme lieu », dit Carl André. J’ai pensé aussi à la légèreté des sculptures de Gilberto Zorio ou aux relations entre le minéral et le végétal créées par Giovanni Anselmo. L’arte povera « prolonge les possibilités d’expansion de la sculpture et l’ouvre à la forme presque désincarnée, processuelle et protocolaire, sans pour autant la disséminer »[1]. Katinka bock développe un art allégorique, épuré et subtil, en variant les relations à l’espace, aux objets, à la matière. L’exposition « Radio/Tomorrow’s Sculpture » a bien été conçue comme un organisme.
Elle est le 3ème volet du cycle « Tomorrow’s Sculpture » consacré à l’artiste par trois lieux d’exposition (MUDAM de Luxembourg, Kunst Museum de Winterthur et IAC)[2]. A l’Institut d’Art Contemporain, Katinka Bock expose des œuvres existantes et des projets adaptés aux conditions physiques et matérielles du lieu. Ces productions in situ sont le fruit d’une mise en relation de l’institut à son environnement par des analyses du bâtiment et/ou des empreintes par moulage prises dans le quotidien de l’artiste (espace domestique, atelier, monde naturel ou contexte urbain). « Ce qu’on fait vient de la vie, l’art reste toujours dans la vie, c’est une construction à la vie » dit elle.
« L’exposition au musée de Winterthur explorait le paysage et sa potentialité narrative, à l’ IAC, l’accent est sur la physicalité et la dimension phénoménologique de son travail. » La scénographie faite en fonction de l’espace d’exposition joue de l’éclairage à néon, épouse ou non les lignes de l’architecture, les textures au sol. Elle inclut pleinement le visiteur dans l’installation ou le maintient à distance des éléments assemblés. Le corps est aussi en présence dans le geste, que la matière a conservé ; les matériaux utilisés gardent en mémoire les formes, la signature d’un corps ; les gestes se répètent : incurvés, ramassés, repliés, pliés debout couché suspendus ;
Plusieurs analogies entre les matériaux ainsi assemblés et un élément du réel sont tenues tout au long de l’exposition (morceaux de métal rongé suspendus au plafond / oiseau par ex, colonne de bois placée débout à la verticale/Homme) ainsi que des renvois direct au réel (poisson, seiche). Cela dit, la figure du réel apparait le plus souvent à peine dégrossi ; elle est comme un tracé dans l’espace, un point de fixation et d’échappées. Le dessin est également présent : plaques grillagées / posters, lignes de diverses tailles du sol au plafond…. L’espace devient une surface de projection et de mise en relation d’une allégorie de l’environnement du quotidien.
Matériaux : terre crue, bois, verre, cuivre, émail, tissu, bronze, végétaux, eau
[1] Joana Neves « entre trace et devenir » 02 n°64 hiver 2012
[2] Ces trois institutions ont fait une présélection commune d’œuvres.